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on ze road toujours...

4 novembre 2008

mise à jour...

...à tous ceux à qui l'idée viendraient de venir voir où je suis passé sur ce blog3, qu'ils aillent vite cliquer sur mon blog4 dans la colonne des liens, comme ça on se rejoint à Maputo et on continue la route!

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5 mars 2008

une dernière carte et à l'automne prochain...

dernie_re_carte
Cet itinéraire ressemble à un petit personage en fil de fer qui s'agiterait stupidement sur la carte d'Afrique centrale... Peut être que c'est moi...
4 mars 2008

juste un peu de poussière...

Je repense à ces dix mille kilomètres, à tous ceux que j’ai croisés, qui m’ont aidé, aux regards et à l’oubli…je repense à l’histoire de cette poussière de l’errance, à ces particules de soi-même qui volettent en permanence derrière le voyageur de passage et qui se mettent, petit à petit, à s’entasser dès qu’il s’arrête un peu. Ces petits tas de soi fertiliseront peut-être des amitiés imperturbables ou des souvenirs diffus…
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Me voilà devant ma table à dessin en face d’un album entamé et d’une pile de courrier. Dehors le mistral souffle son air glacé : bienvenue à la fin de l’hiver.Je sors chercher du petit bois pour allumer un feu de cheminée, on vit une époque insolite ou le matin on part d’une ville suffocante pour se retrouver le soir à casser du petit bois, offert aux vivifiances du vent glacé. Il fût des temps lointains ou des marins rêveurs partaient en quête d’aventures et d’oublis, fuyant des amours impossibles vers des îles lointaines où ils espéraient rencontrer des femmes insouciantes qui leur apprendraient l’oubli et qu’ils ne reverraient sans doute jamais.
corto_
En ces temps où le retour peut se faire en quelques heures, en ces temps nouveaux où il devient possible de communiquer avec tout le monde d’un simple clic, en ces temps récents, on croit qu’on va pouvoir conjuguer errances lointaines avec correspondances immobiles et pourtant, tout autant qu’aux temps des traversées au gré des vents alizés, on peut tous tout perdre en un instant…
2 mars 2008

On se retouvera à Maputo...

maputo2

Maputo est sans doute la capitale africaine la plus agréable à vivre…il y règne un sorte d’ambiance différente d’ailleurs, on pourrait presque croire que c’est une ville paisible au bord de l’océan…et sans doute que ça l’est un peu. Pour ma dernière soirée africaine je suis allé à un concert d’électro punk au centre culturel ; je ne suis déjà plus vraiment en Afrique.motod_mont_e

C’est quand même étrange, ça fait trois fois que je termine avec la moto désossée dans un coin de garage africain et une interminable liste de pièces à ramener l’hiver d’après. Sans doute que c’est comme ça, que je ne peux rien y faire, qu’il y’ aura toujours un secret mécanique à découvrir pour connaître parfaitement ma monture et que quand tous maputo1les mystères du vieux flat Béhème auront été résolus, quelque chose aura été accompli et je pourrai passer à autre chose. J’ai donc noté scrupuleusement tout ce que je devais ramener et aussi l’itinéraire que je me réservais pour lamaputo1_copie prochaine étape. Essayer d’éviter les pluies, de prendre plein de pistes nouvelles et de rencontrer encore des tas de gens inattendus au rythme de pannes stupides…Mais tout ça, ça s’ra une autre histoire…

28 février 2008

on n'est jamais sûr de rien...

Quand je suis resté un jour de plus à Praïa de Tofo pour pouvoir replonger sous la mer, je m’étaisraies_mantas_copie dit que j’avais tout le temps, la moto avait tenu un peu plus de dix mille bornes alors qu’au départ, je croyais à peine arriver à quitter Luanda. Les deux dernières plongées ne furent pas des plus exceptionnelles tant la visibilité, pourrie par quatre jours de queue de cyclone malgache, en était rendue à sept ou huit mètres maxi. J’ai quand même, vu, scotché entre deux eaux troubles, un très élégant ballet de raies. Elles étaient comme des mantas mais version un peu plus petite, et plutôt gris verdâtre sur le dos…Et donc, le lendemain à l’aube, j’ai repris la route. Au début il y’a toujours les palmeraies de cocotiers, puis on passe à une savane plus classique et à la fin, après Xaï Xaï qu’on prononce Chaïchaï, ce sont de grandes plaines vaguement agricoles, de la canne à sucre, de l’osier et puis du vent. Il commence à faire vraiment très chaud, je m’arrête dans un bistrot portugais pour m’enfiler un hamburger suddaf et un Fanta mozambicain…quelques idées de scénario me sont venues sur la moto, il faut donc noter ça très vite avant que ça se carbonise sous mon casque surchauffé. depart_ultime_copie Et voilà que débarquent au même troquet deux motards suréquipés sur des Buell flambant neuves dont la turbine de refroidissement du cylindre arrière te lance une espèce de sifflement insensé, mais il paraît que c’est normal. Ce sont deux journalistes de la presse moto hollandaise qui se sont fait prêter les machines pour un article ; de vrais aventuriers, quoi. Je leur parle de mon blog et de Motomag et je leur vante les mérites des vieux flats increvables et du pilotage en tongs et puis je les salue, je fais vrombir ma bête et je m’arrache. J’ai toujours appris à bien doser mes démarrages de frimeur discret. Je me souviens d’une époque où je devais aller récupérer une petite fille de sept ans à la sortie de l’école. Je savais qu’elle tenait vachement à ce que je fasse un vrai démarrage pour épater ses copines mais en même temps, comme on ne fait pas un wheeling de brute devant une école et que sa mère m’aurait arraché les yeux si j’avais commis la moindre faute de quart, j’ai appris à doser. Maintenant elle va avoir trente balais, sa mère ne m’a toujours pas arraché les yeux et moi je démarre toujours de la même façon quand je sais qu’on me regarde et qu’on compte un peu sur moi pour montrer que ma bécane monstrueuse c’est de la vraie machine en fer…c’est ce minimum-là qui fait le style gentleman-rider si classieux avec les tongs, et là sur la route de Maputo, quatre vingt bornes avant la fin du voyage, il a pas eu l’air con le gentleman-rider. panne_ultime_copieLa bonne grosse panne que j’avais réussi à éviter c’est maintenant que j’y avais droit. On se demande toujours si les hasards en sont vraiment, mais quand j’ai vu arriver les deux motards en Buell, je savais qu’ils allaient m’aider. Ils ne pouvaient pas faire grand chose mais ils avaient un téléphone. J’ai pu prévenir le centre culturel où j’étais attendu et comme je n’étais pas très loin, ils m’ont envoyé un pickup de secours. J’avais déjà eu le temps de vérifier qu’il n’y avait pas d’étincelle aux deux bougies mais que ce n’était pas la faute aux bobines. Avant les bobines il y’a l’allumeur et comme l’allumeur est relié au bout de l’arbre à cames, ça sentait la rupture de distribution. Un rapide coup d’œil sous les caches-culbuteur m’a rassuré quant au fait que je n’étais pas trop nul en diagnostic de mécano mais que je n’irais plus très loin cette année. Le pickup est arrivé et les quatre vingt derniers kilomètres se sont fait assoupi dans la bagnole. Maintenant, chaque matin, je vais faire un peu de formation BD au centre culturel . L’après midi, je démonte ma bécane chez Gilles que je connais depuis quelques années déjà et qui a une grande maison blanche avec vue sur la mer et un spacieux garage où mon destrier fatigué pourra attendre quelques mois que je revienne à l’automne prochain pour une fois de plus lui redonner une nouvelle vie.

 

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24 février 2008

dernière étape

demain, je pars à l'aube pour les derniers cinq cent bornes, on se retrouve au bord du même océan mais dans une ambiance moins Surfing Africa...

22 février 2008

mine's rat's blues

rat_en_laisserat_sur__pauleÀ Inhambane, la petite ville portugaise à vingt bornes de Tofo, il y a le centre Apopo. Ce centre a été créé par un belge un peu allumé qui a décidé de dresser des   rats pour la détection des mines anti-personnelles. Tous les jours on promène des rats géants de Gambie, reliés par une petite laisse à des cordes qu’on passe au-dessus de terrains minés soigneusement délimités en parcelles identiques. Quand le rat trouve une mine, il gratte la terre alors on le rappelle pour lui  filer une banane en récompense.

                         rats_d_mineurs_copie

21 février 2008

la tête sous l'eau...

Pour les plongées, Christophe s’organise avec les quelques clubs installés ici.  Quand il m’a dit ça, je n’ai pas pu empêcher de monter en  moi une certaine pointe d’inquiétude. Je suis déjà allé jeter un coup d’œil aux centres de plongées Sudafricains et je dois dire que le côté légèrement paramilitaire de leur organisation m’avait laissé tellement perplexe que j’avais préféré passer mon chemin, à côté les clubs de l’Ecole Française, c’est le club Dorothée. Je commençais donc à faire mes bagages pour reprendre la route un peu désespéré quand Christophe m’a retenu en m’apprenant que chez  diversity Scuba  on trouvait des Portugais , des Anglais, des Australien  et  même un moniteur Mozambicain et un barman Israélien…un club totalement cosmopolite quoi ; d’ailleurs à Praia de Tofo on parle toutes les langues, on passe de l’une à l’autre  sans réfléchir, on réinvente l’Espéranto. Christophe qui était si fier d’avoir si bien appris le portugais en arrivant ici, il y a six ans est toujours un peu énervé quand il parle avec les gens du coin un Portos impeccable et que eux,  s’appliquent à lui répondre en anglais. Mais chacun est finalement fier de parler la langue de l’autre, il faudrait juste qu’on ne se retrouve pas avec la langue du colon et celle du colonisé.  Les vieux schémas menacent toujours de se réimplanter en Afrique…

Bon, c’est vrai que quand j’ai vu la tronche  de Steve, avec ses dred’s blondes et sa tronche d’allumé, je me suis dit qu’ici, ça allait être cool.  Ben, pas tant que ça finalement…Au démarrage, pas de ponton de papy, il faut pousser à la main le gros zodiac échoué sur la plage jusqu’aux premiers rouleaux, puis se hisser dedans à toutes blindes et c’est parti dans les vagues. Après cinq minutes, on croise un requin baleine : allez, tous à la flotte avec masque et tuba…errance_sousmarine_copie ça traîne pas ici. D’ailleurs, on a dû l’énerver le gros poisson, il a directo plongé vers le fond et tout le monde est remonté pour redémarrer à plein gaz des deux moteurs du zodiac. Un peu plus loin, on s’équipe et à «un, deux, trois, go » tous à la flotte en même temps par culbute arrière et directo, on palme vers le fond pour éviter les courants que si t’y fais pas gaffe, ils t’emmènent direct au pôle sud. Entre dix et quinze mètres, la houle est toujours bien  là . On dirait que c’est pour se marrer que Julius, le mono du Moz, insiste pour nous montrer des bestioles de deux centimètres incrustées dans la roche pendant que la houle nous balance allègrement les uns sur les autres ; moi qui voulais une première plongée  à la cool, je suis super gâté. Pendant que je m’énerve à réajuster mon masque taille hydrocéphale qui se transforme en aquarium toutes les trois minutes, il y’a tout autour de moi, un tas de machins colorés qui se baladent . Des gros qu’on croirait peints à la main, des petits en bancs serrés au milieu desquels c’est plutôt planant de se laisser bercer par la houle mais Julius a toujours envie de rappeler tout le monde pour aller mater une micro poiscaille sous un caillou coloré. Bon, je médis un tout petit peu sur les bords, sous le caillou il y’avait une grosse tortue marine en train de faire la sieste, puis un poisson crocodile un peu planqué et même une langouste que celui qui arrivera à la choper celle-là, il fera bouffer sa famille toute la semaine avec ! On remonte  très lentement ; Julius nous en fait des tonnes dans la conscience professionnelle, genre un palier tous les dix centimètres. J’ai le temps de vider quarante mille fois mon masque et nous voilà repartis à donf dans les grosses vagues pour finir en échouage sur la plage un peu façon débarquement de Marines pendant la guerre de Corée… mais c’est sans doute juste l’impression d’un plongeur du dimanche qui a dix milles bornes de bécane dans le cul  et qui voulait juste une plongée de remise en forme…

Le lendemain à sept heures et demi   je rame un peu au débriefing  , on est lève tôt ou on ne l’est pas. Julius recommence son topo d’hier en me fixant à mort du regard parce que c’est un peu moi  le bras cassé de la palanquée. C’est qu’il me ferait peur celui-là ! A un moment donné je lui ai quand même dit que j’y comprenais que dalle à son baratin, alors Alice la petite blonde au look de surfeuse m’a pris en charge. Il faut toujours avoir l’air désarmé quand on se fait débriefer par un black culturiste, ça réveille l’instinct maternel des filles, même pour les vieux  motards burinés. J’ai donc fait une plongée sans faute, c’est normal, on a toujours envie d’épater les Alice. On a croisé une tortue qui est venue nous saluer tout près, une murène énorme, une balèze de langouste avec ses petits en coloc dans un trou avec une famille murène monoparentale ; même chez les poissons on vit plus pareil , on a changé de morale de vie. Après plein de gros trucs fluos,  on a eu droit en finale  à une grande raie, pas manta  du tout, mais qui a néanmoins vachement épaté tout le monde parce que c’est un modèle qu’on ne trouve pas sur les côtes africaines , elle aussi, a pas dû écouter son mono et puis se faire entraîner par les courants depuis l’Australie.

                         inhambane

20 février 2008

terra profunda

plage_agit_eC’est l’histoire de trois mecs qui vivent leur vie en Afrique, plus un  quatrième qui n’en vit qu’une partie.  Le quatrième c’est moi ; chaque hiver, je récupère ma bécane là où je l’ai abandonnée l’hiver précédent et je traîne mes pneus un peu au hasard du continent, en fonction des hasards qui s’offrent à moi et qui ne sont souvent rien d’autre que des cadeaux du destin. Il y’a quatre ou cinq ans, j’étais passé en Namibie où m’avait emmené une enquête que j’improvisais alors pour un éditeur parisien  sur les auteurs de bandes dessinées  d’Afrique.  La  Namibie n’est pas un pays qui regorge de talents artistiques , on y trouve nettement plus des jeunes aventuriers qui roulent leurs bosses et parfois la pose, comme un scarabée du désert. C’est ce qui est arrivé aux trois autres. Ils ont tous débarqué aux pieds des dunes du Namib, vers le milieu des années quatre vingt dix.

Le premier s’appelle Emeric, c’est une sorte de personnage de roman. Un fils de bonne famille , un héros proustien qui un  jour, à  une espèce de concours à la con,  a gagné  un séjour au Sénégal. Il n’en avait pas grand chose à Péter de l’Afrique. Il y’est allé comme ça, par désinvolture romanesque et  dix ans après il n’était toujours pas revenu. Le second n’est pas vraiment un prolo non plus. Il a grandi  à Bruxelles et, à vingt ans, a un peu tout plaqué lui aussi. Mais il est allé moins loin. Un Belge quand ça cherche à vivre dans la jungle, ça commence toujours par leur forêt vierge à eux, les sombres futaies des Ardennes.  Là, quinze ans après ses aînés des glorieuses Seventies, Vincent redécouvrait le plaisir  du riz complet et des navets du jardin, il se glissait petit à petit dans la peau d’un vieux bab pouilleux, mais  sa grande sœur est venue changer sa vie. Elle, elle avait suivi une trajectoire dont sa famille était beaucoup plus fière, elle faisait des affaires dans l’hôtellerie Namibienne, là bas, au sud ouest du continent, ce coin complètement insolite où l’Afrique parle encore l’allemand de ses premiers colons. Elle avait besoin d’un coup de main, la frangine, alors elle a fait venir le petit frère  qui n’est jamais retourné dans les Ardennes lui non plus.

                                 la_bande_des_quatres_copie

Le troisième c’est Christophe. À force de grimper sur les pylônes EDF pour en régler l’allumage et la carburation et de regarder cet horizon, si attirant, là-bas au sud , il a fini par se prendre un année sabbatique pour aller voir un peu plus loin, à quoi  ça ressemblait au sud du sud. Le hasard l’a emmené en Namibie. Inévitablement pendant toutes  ces années passées dans le même pays, ces trois-là qui  chacun à sa façon, bossaient  dans les mêmes structures touristiques, ont fini par se rencontrer. Ils ont commencé à avoir envie de faire quelque chose ensemble et pourquoi pas, pour une nouvelle expérience : tenter un truc dans un nouveau pays. Même si deux d’entre eux avaient déjà fondé une famille au pays des dunes, ce n’est pas ça qui allait les arrêter. Ils avaient entendu parler de ce Mozambique aux deux milles cinq cent  kilomètres de côtes, qui était enfin sorti de vingt ans de guerre et ne demandait qu’à faire venir des gens de l’extérieur qui  avaient envie d’investir dans la reconstruction, comme on dirait à la téloche. Beaucoup de Sud africains ont trouvé là l’occasion de fuir un passé trop pesant pour retenter un départ ici. Il y’a aussi des blancs du Zimbabwe qui se sentaient un peu menacés par le régime d’un Mugabe un peu trop vieux et  carrément caractériel, qui eux sont plutôt partis dans le nord et puis enfin trois francobelges plein de punch qui  ont emmené Babeth avec eux. Babeth était en Namibie depuis l’indépendance du pays en quatre vingt onze. Elle y a débarqué comme chauffeur, elle sait y faire Babeth avec les professions de garçon, alors le trio a décidé de l’emmener pour si des fois ils avaient besoin de quelqu’un pour faire  vigile ou garde du corps ou conducteur de bulldozer.

                           

18 février 2008

Puis c'est le bord de la mer...

Y’a vraiment pas beaucoup de monde sur cette longue route qui traverse le Mozambique du nord au sud. Les paysages sont toujours jolis quoique pas vraiment variés. On se demande toujours où vont et d’où viennent ces gens qui marchent au milieu de rien, mais finalement pour avoir la réponse, il suffit de les prendre en stop. Le premier, il venait  de son village et allait à l’école. Il en faut du courage pour aller à l’école dans ces contrées; six kilomètres à pied en plein cagnard et pareil au retour, il doit pas rester des masses d’énergie pour se taper les devoirs. Le second avait un parcours plus dense, il venait de Dar El Salaam, capitale de la Tanzanie qu’il avait quittée juste six jours plus tôt. Il a pas traîné le mec, ça doit être à deux ou trois mille bornes de l’endroit où je l’ai chopé. C’est là que j’ai compris qu’il n’a pas tout fait à pied, sinon il aurait mis un peu plus de temps. Il va à Maputo rendre visite à son frangin, peut être juste un week-end et puis il remonte, j’en sais rien, il ne m’a pas dit. Il a dû se dire qu’avec une moto il allait exploser sa moyenne. Surtout que comme d’habitude quand je me suis arrêté à côté de lui, il a, comme tous les autres, regardé le compteur en disant « ouuuh, two hundred kilometers per hour, houuu… » parce qu’en Tanzanie on parle anglais. Des fois j’essaye de leur expliquer qu’avec les compteurs c’est comme avec les journaux, ce n’est pas parce que c’est écrit que c’est la vérité…je suis assez fier de ma petite métaphore qui parfois décroche un certain succès, mais bon aussi, c’est vrai, des fois j’en ai un peu marre de dire toujours la même chose. Mon passager n’a pas dû être content, rapport à sa moyenne,  quand j’ai crevé du pneu arrière. Mais je n’ai mis qu’une heure à réparer et il m’a bien aidé à regonfler avec la petite pompe. Mais quand la nuit s’est pointée, moi j’ai été très content de tomber pile sur un petit motel au milieu de rien à côté d’une station-service. J’avais envie d’une bonne douche et de repos, lui il croyait sans doute que j’allais rouler toute la nuit; pas de bol, quoiqu’on puisse en penser, je ne suis pas un stakhanoviste de la moyenne. Maintenant, je suis au bar paillote en train d’écrire ma vie, il n’ y aurait pas, comme d’hab, de la musique à la con, ça serait une ambiance parfaite… le stoppeur vient de me rejoindre pour partager ma bière. Il n’a pas trouvé de camion bienveillant à la station-service et moi je crois bien que je viens d’hériter d’un squatteur.

motel

Au petit matin, Solomon s’est levé discrètement. Il ne m’a pas tranché le cou pour partir avec ma moto comme me l’avait prédi la taulière, il  m’a juste remercié et a disparu en quête d’un camion pour Maputo. Quelles mauvaises  langues ces taulières ; d’ailleurs elle a essayé de m’entuber sur le change, heureusement que je commence à  m’habituer !

J’ai fait le plein à Vilhanculos, petite ville côtière un peu à l’écart. C’est pas très joli, c’est même carrément moche, mais la mer y’ est étonnement turquoise et ils sont en train de retaper le vieil hôtel années trente qui est juste à côté, je note ça comme étape pour la remontée l’année prochaine. Ensuite la route devient carrément pourrie avec des trous partout, des camions qui font du slalom et des mômes qui font semblant de reboucher avec de la terre pour essayer de gratter quelques pièces aux bagnoles de passage. Autour c’est de la savane et au dessus un gros nuage tout noir. Cet abruti a bien essayé de nous la rejouer « rain season », mais ça n’a pas duré trop longtemps. Quand on passe le panneau qui indique le tropique du Capricorne, la route redevient belle, la pluie s’arrête et le paysage se transforme en d’interminables palmeraies avec juste quelques manguiers pour varier un peu.C’est étonnant, on dirait que ce simple panneau est une porte spatio-temporelle, tu le dépasses et y’a tout qui change d’un seul coup. L’étape du jour c’est la Praïa de Tofo ; je dois y retrouver Christophe, un français que j’avais rencontré il y’a six ans et qui organise maintenant des séjours plongée au milieu des gros poissons. Avant d’arriver, pour être un tout petit peu frais, j’ai tenté de faire une sieste sous un manguier bien ombrageux, mais après dix minutes j’étais de nouveau en train d’expliquer mon itinéraire, la contenance de mon réservoir et que, non, je n’étais pas SudAfricain…alors j’ai repris la route pour les quelques kilomètres restant.

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